Parmi les nombreuses expositions actuellement en cours à Arles dans le cadre des Rencontres photographiques, «les Insoumises» du 8 juillet au 14 septembre 2008 est un petit bijou discret et délicieux. Accrochées comme dans un boudoir, une cinquantaine de miniatures photographiques portraiturant celles que le Second Empire appelait cocottes ou bibiches. Préfigurant les Liane de Pougy et Emilienne d’Alençon de la Belle Epoque, ces pionnières du cul très cher tarifé s’inventaient des patronymes de fausses baronnes longs comme des trombones, abonnées aux princes russes se pâmant et aux nouveaux riches sur la paille, pour que «mademoiselle», artiste lyrique, puisse s’offrir un cabriolet tiré par un attelage de vingt-huit lévriers afghans surpomponnés.
Sacrifiants à la mode de l’époque, ces dames raffolent de leur portrait au format carte de visite. Discret et efficace, tant pour leurs riches clients que pour les lycéens parisiens qui en font le trafic illicite. Mais par un méchant retour de flamme, ces mêmes images de belles galantes servirent à illustrer les rappports écrits de la police des mœurs. Certains de ces registres sont lisibles dans l’exposition, à la fois bonus historique bien venu et vrai régal de littérature érotico-métaphorique. (Belles sous tous rapports, Gérard Lefort Libération)
Un regard sous les dessous du Second Empire