Les deux amies, Gustave Klimt 1862-1918
The sleepers, Gustave Courbet 1819-1877
Les deux amies, Henri Toulouse Lautrec 1864-1901
The two friends, Tamara de Lempicka 1898-1980
Si l’art a pour fonction de montrer ce que la société ne voit pas ou ne veut pas voir, c’est probablement dans le registre de l’éros lesbien qu’il nous réserve les plus étonnantes surprises. En effet, c’est une véritable tradition du dévoilement du couple de femmes qui s’est élaborée au cours des siècles, tradition qui prend sa source dans la plus haute antiquité avec les déesses doubles, pour devenir, avec la Renaissance, le vecteur d’un nouvel archétype de la liberté sexuelle féminine dont le portrait de Gabrielle d’Estrées et sa soeur nues dans leur bain est le témoignage le plus audacieux.
Que montre un artiste lorsqu’il représente un couple de femmes enlacées ? S’agit-il, comme on le pense ordinairement, d’un voyeurisme masculin sans conséquence ? S’agit-il de dévoiler l’éros lesbien, et avec l’émergence des femmes dans l’art, un regard différent sur le sujet ? S’agit-il enfin de construire un espace symbolique où le désir féminin s’émancipe de la loi phallique ?
Mis à la mode par Verlaine au XIXe siècle, « Les deux amies » ont été un des grands thèmes iconographiques de ce siècle traité par des artistes aussi différents au Rodin, Zadkine, Picasso, Delvaux, Man Ray, Tamara de Lempicka…